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l’Association pour l’Histoire des Caisses d’Epargne

L’Association pour l’Histoire des Caisses d’Epargne

FAIRE RAYONNER L’HISTOIRE
DES CAISSES D’EPARGNE

Les Caisses d’Epargne font parties du club fermé des entreprises bicentenaires.
Elles possèdent une histoire qui s’incarne dans la vie des territoires et de leurs
habitants. Cette histoire éclaire un des marqueurs forts de leur identité, à savoir
leur rôle de pionnières dans les transitions de la société. L’Association pour l’histoire
a pour objet de mener toute action et étude permettant de faire pleinement
rayonner cette histoire et d’en promouvoir la richesse auprès des Caisses d’Epargne
et de ses clients, des institutionnels, du grand public.

D’une pratique élitiste au XIXe, les activités de plein air ont évolué vers des activités sportives ouvertes, et compétitives, source de socialisation et d’épanouissement. Retour sur la naissance d’une pratique sportive appréciée de tous : la natation.

Le 3 août 1824, la duchesse de Berry se jette à l’eau au son du canon. Deux mille badauds assistent, ébahis, à ce bain de mer, sur la plage de Dieppe. Entièrement vêtue, d’une robe rehaussée d’un paletot, de bottines aux pieds et d’une toque sur la tête, ils ne pourront voir un seul bout de peau. « M. Mourgué, médecin en chef des bains, ne voulut céder à personne le soin d’accompagner la Princesse ; et, après avoir revêtu l’habit de baigneur, il eut l’honneur de la conduire et de l’exposer à la vague pendant l’espace d’environ huit minutes », lit-on dans une Proclamation publiée par M. le baron de Vanssay, préfet du département de la Seine-Inférieure.

Dieppe, première station balnéaire de France, la première ville à ouvrir un établissement de bains destinée à soigner des malades mais aussi à divertir des « villégiaturistes » a attiré très vite l’aristocratie parisienne. L’arrivée « des trains du plaisir » en 1848 contribue grandement à son essor, à grand renfort d’affiches, éditées par la Compagnie de chemins de fer de l’Ouest, vantant «la plus parisienne des plages normandes ». Cette mode gagne vite toutes les côtes de la Manche, de l’Atlantique, puis de la Méditerranée.

A ses débuts, le bain de mer, quand il n’est pas une plongée tête la première dans l’eau, consiste en un « bain à la lame » comme le pratique la duchesse de Berry, ou un bain à la corde à laquelle les baigneurs s’agrippent pour tenir debout. Beaucoup se contentent de « bagoter », expression consacrée par le docteur Louis Bagot, qui ouvre le premier institut de thalassothérapie à Roscoff, ce qui signifie marcher nus pieds au bord de l’eau. Ce n’est que plus tard que l’on apprendra à nager. A cette époque, la plage, avec ses « planches », est avant tout un lieu de mondanités, où les conversations vont bon train, croquée avec talent par Eugène Boudin

En 1912 à Stockholm, l’australienne Fanny Durack, 22 ans, vêtue d’un costume de bain une pièce avec culotte, remporte le premier titre de championne olympique de natation sur le 100 m nage libre.

Des premiers bains de mer aux Jeux Olympiques d’été de Stockholm jusqu’aux Jeux d’aujourd’hui, le fameux « bain à la lame » devient un divertissement pour gens aisés avant de devenir une nage, puis une discipline -la natation-, puis enfin une épreuve olympique, hautement compétitive. Il en va de même de l’évolution d’autres activités de plein air destinées à occuper le temps d’une population huppée oisive. D’occupations, elles deviennent des Jeux, puis des pratiques sportives et compétitives ; enfin des sports de masse, avec l’essor des congés payés.

À DÉCOUVRIR

Libre à elles !

1818 : la création de la Caisse d’Epargne constitue une innovation de rupture majeure. Elle ouvre à toutes et tous sans condition de ressources, les portes de l’épargne. Majeures et non mariées, les femmes ont ainsi toute liberté d’ouvrir un livret.

Le mariage reste néanmoins l’acte d’inscription sociale par excellence en ce début du XIXe siècle. On prend époux à 25 ans en moyenne, le célibat ne touche que 12 % des femmes. Une fois mariée, ces dernières perdent toute autonomie, le code Napoléon les plaçant sous l’entière autorité de leur mari, en matière d’argent notamment. Les portes de la Caisse d’Epargne ne s’ouvrent plus pour elles qu’accompagnées.

En 1881, une loi vient mettre à mal la toute puissance maritale inscrite dans le Code civil. Une révolution ! Elle autorise les épouses à librement utiliser leur livret. En pionnières, les Caisses d’Epargne permettent ainsi aux femmes d’accéder à une première émancipation financière, à laquelle elles n’auront pleinement droit dans l’ensemble du secteur bancaire qu’en 1965.

Hier, les femmes mariées ont dû batailler ferme pour conquérir leur indépendance ; aujourd’hui, les entrepreneures rencontrent encore bien des obstacles. Demain, comme hier et aujourd’hui, les Caisses d’Epargne continueront de les accompagner pour que jamais elles ne cessent d’oser.

L’architecture de l’épargne

Les Caisses d’Epargne françaises au cœur de l’histoire urbaine
A quelques exceptions près, les Caisses d’Epargne françaises, fondées en France dans la première moitié du XIXe siècle, s’installent au départ dans des locaux exigus et sans équipement prêtés par les mairies.

Leur bureau n’étant ouvert à l’origine que le dimanche, elles doivent bien souvent partager la modeste salle mise à leur disposition avec un service municipal qui y officie quant à lui pendant la semaine. Au fur et à mesure de l’expansion de leur activité, elles vont rapidement être amenées à régulièrement déménager dans des locaux toujours plus vastes, prêtés également par la ville.  Le patrimoine architectural des Caisses d’Epargne conserve encore la trace de ces aménagements proposés au sein d’un parc immobilier communal parfois remarquable ; et certains établissements de taille modeste, avant le regroupement des Caisses d’Epargne débuté dans les années 1980, y étaient encore établis.

 

Après plusieurs déménagements successifs, la plupart des Caisses d’Epargne décideront, peu à peu, d’acquérir les propres locaux. La Caisse d’Epargne de Paris achète ainsi en 1842 un bâtiment construit au XVIIIe siècle, l’hôtel Thoynard, dont elle est encore propriétaire aujourd’hui. Plus tardivement, d’autres Caisses d’Epargne font également l’acquisition de bâtisses anciennes pour installer leurs services. Celle de Bourges établit ainsi ses locaux ans une maison construite entre 1513 et 1515 dite maison Pelvoysin. Ce bâtiment abrite encore de nos jours une agence.

Ces exemples sont toutefois minoritaires. Car, dans leur grande majorité, c’est plutôt la voie de la construction de leur propre édifice que les Caisses d’Epargne vont massivement emprunter. Elles vont ainsi, entre le fin XIXe siècle et le début du XXe siècle, faire réaliser partout des bâtiments qui contribuent à enraciner leur image au cœur des habitants et des territoires, de manière durable, et encore aujourd’hui.

Car si l’édification de leurs hôtels témoigne de l’importance et du succès des Caisses d’Epargne, il rend surtout compte de leur souci d’exalter, par le bâti, les valeurs de l’épargne dont elles sont dépositaires. C’est ainsi que se forge alors un style architectural spécifique aux Caisses d’Epargne.

Les constructions se font dans le contexte de l’hausmannisation des villes. Les hôtels empruntent à la typologie des édifices publics – mairie notamment – ou bancaires, édifiés à la même époque pour véhiculer une image de sécurité et des respectabilités.  Le choix de leur emplacement contribue à en faire de véritables « monuments urbains ».  L’isolement du bâtiment sur une place, ou au défaut dans un angle de rue, contribuent à leur visibilité par les habitants. De nombreux hôtels de Caisses d’Epargne se parent par ailleurs de dômes, de rotondes, de campaniles qui accentuent encore leur importance.

 

Ces bâtiments sont construits dans le style dit « éclectique », courant architectural de l‘époque qui consiste à mêler des éléments empruntés à différents styles de l’histoire de l’art (néo-Renaissance, néo-classique, voire néo –mauresque). Le néo-Louis XVI est ainsi largement utilisé, avec des ornements de façades s’appuyant sur des colonnades. Certains hôtels s’inscrivent dans la veine néo-gothique, d’autres, plus rares, sont d’influence Art nouveau.

Ce qui distingue les hôtels de Caisses d’Epargne des autres bâtiments publics de l’époque sont les attributs et sculptures qui ornent leurs frontons et façades. Les motifs exposés servent à la glorification de l’épargne populaire, célèbrent la tempérance et la prévoyance. On y trouve ainsi nombre d’allégories de l’Epargne à la façon des antiques ou des cornes d’abondance. Les ornementations des façades sont parfois l’œuvre d’artistes renommés, lauréats du Grand prix de Rome, comme par exemple à Marseille. Sculptures allégoriques, peintures, mosaïques au sol, vitraux décorent également les intérieurs des bâtiments, et célèbrent les vertus de l’économie, du travail et de la tempérance.  Ainsi, à l’exemple des pouvoirs publics qui ornent de décors peints les salles de préfectures, bibliothèques ou mairie, les Caisses d’Epargne font parfois réaliser des fresques pour agrémenter leur salle de Conseil d’administration, comme au Puy où une large composition d’Assezat de Bouteyre présente « La famille remettant à l’épargne le fruit de son travail », à Troyes ou à Marseille.

Certains des anciens hôtels, peu adaptés aux activités du quotidien de la banque d’aujourd’hui, ont été cédés par les Caisses d’Epargne et ont trouvé de nouvelles destinations. D’autres, comme à Toulouse ou Marseille, ont bénéficié d’une réhabilitation exemplaire. Derrière les façades, restaurées à l’identique, des intérieurs modernisés, répondant aux dernières normes environnementales et technologiques, ont été mis en place. D’autres enfin abritent encore des agences.

Qu’ils appartiennent encore, ou non, aux Caisses d’Epargne, ces bâtiments historiques conservent, pour beaucoup d’entre eux, la signature de leur propriétaire d’origine. Les frontons portent aussi les inscriptions « Caisse d’Epargne » gravées dans la pierre. La ruche et l’abeille ou plus tard l’écureuil (emblème des Caisses d’Epargne) sont également fréquemment présents sur les frontons de ces hôtels.

 

Aujourd’hui, les nouveaux sièges de Caisses d’Epargne témoignent de leur modernisation, de leur puissance de grande banque régionale, de leur rayonnement sur les territoires. L’environnement, l’homme et la qualité de vie sont au cœur des nouveaux projets, qui pour beaucoup ont quitté les centres villes pour de nouveaux pôles d’attractivité qui concentrent les grandes figures de l’activité économique régionale.

Hier, comme aujourd’hui, les Caisses d’Epargne ont privilégié une implantation qui les placent au cœur de l’activité des villes et témoignent de leur rôle d’acteurs de premier plan sur les territoires.

 

L’insolite tirelire de la Caisse d’Epargne

Pour encourager, au quotidien et au domicile même de leurs clients, la mise de côté de sommes trop insignifiantes pour être déposées sur le livret, les dirigeants des Caisses d’Epargne ont mis en place différents « outils » pour permettre la récolte de l’épargne embryonnaire. Parmi eux « le coffret secret ». Connaissez-vous ?

La tirelire, objet qui se développe à la fin du XVIIIe siècle laisse trop de liberté à la tentation dans la sphère privée, car elle est peut être cassée au bon vouloir de son propriétaire. Sur le modèle d’un procédé popularisé avec succès en Allemagne et Hollande, et que l’on retrouve plus tard sous différentes formes dans le monde entier, les Caisses d’Epargne ont mis en place, au début du XXe siècle, le « coffret secret », qui s’apparente à la tirelire, sans en avoir les « inconvénients ».
Inviolable et incassable (il est parfois signé de célèbres fabricants des coffres-forts), ce coffret en acier, comporte, sur le haut, une petite fente pour glisser quelques monnaies ou billets de banque, et au-dessous, une trappe fermée à clef qui permet de les récupérer. Seule la Caisse d’Epargne possède la clef de l’insolite objet, dont le contenu, une fois récupéré par le caissier, est immédiatement déposé sur le livret de l’épargnant.