Du prétoire aux planches en passant par le perchoir, Jean-Louis Debré a l’éloquence chevillée au corps et une vie aux multiples facettes marquée par son amour pour la République. Avec sa pièce « Ces femmes qui ont réveillé la France », il rend au théâtre hommage à ces pionnières qui ont ouvert la voie à toutes les autres. Son témoignage met à l’honneur l’histoire, une histoire vivante, faite de mouvement et d’audace.

Retrouvez, en quelques lignes, la synthèse des grands thèmes développés dans ce Podcast.

Ancien magistrat, ministre, Président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré est devenu comédien. Rencontre avec un fervent républicain.

D’où puisez-vous toute votre énergie ?

De la passion et du désir d’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau. Mon angoisse a toujours été de vieillir. J’ai commencé ma carrière comme juge d’instruction à Paris. Ce fut une expérience extraordinaire de découvrir le terrorisme et le grand banditisme. Après 20 ans de magistrature, je me suis dit : « Tu ne vas pas devenir un vieux juge blasé. » Appartenant à une famille engagée pour la République, je suis rentré en politique. Là encore, je ne voulais pas devenir un vieux député. J’ai accepté la présidence du Conseil constitutionnel à la condition de le réformer. Puis, j’ai quitté la politique pour une nouvelle vie. J’ai la passion de la lecture et des romans policiers. À travers ces intrigues, je donne libre cours à mon imagination. Monter sur les planches, un rêve d’enfant, me permet d’être un autre. C’est fantastique, à mon âge, d’être un jeune comédien.

Que doit-on aux « femmes qui ont réveillé la France » * ?

Les femmes ont fait évoluer les mentalités, bousculé les conservatismes, contribué à la disparition d’une législation héritée de l’Ancien régime qui les plaçait dans une situation de soumission aux hommes. Elles se sont battues pour obtenir l’égalité. Un exemple ? Julie-Victoire Daubié, fille d’un employé modeste. Cette première bachelière de France s’est battue pour avoir le droit de passer les épreuves et obtenir à 37 ans, en 1862, la délivrance de son diplôme. Qui connaît Hubertine Auclert, l’une des premières militantes « féministes », qui a beaucoup œuvré pour l’évolution des droits civiques ? J’admire aussi la première avocate, la première femme médecin, mais aussi Georges Sand et Colette, qui ont tracé en pionnières, le chemin de la liberté et de l’indépendance des femmes.

En cette période de transition, de quoi avons-nous besoin ?

« D’un rêve d’un avenir partagé » comme le formulait Ernest Renan. La République n’est pas un modèle figé ; c’est une volonté de vivre ensemble. Aspirer à un destin commun suppose des mutations et des ruptures, des compromis et des anticipations. La société est en perpétuelle évolution, des attentes nouvelles apparaissent. Plus que jamais nous avons besoin d’une République audacieuse.

En quoi être pionnier(re) est important ? 

Il faut toujours oser, tourner le dos au conformisme et à l’immobilité. Le pionnier ne pose pas son baluchon sur la route. Il est capable d’écouter, de comprendre et d’être modeste. Personne ne détient la vérité. Enrichissez-vous de la vérité des autres.

Pourquoi l’histoire doit-elle être réveillée ?

L’histoire, c’est l’avenir : nous ne comprenons pas le présent et nous ne pressentons pas le futur si nous n’avons pas connaissance de l’histoire. L’histoire est toujours vivante, en politique, dans nos familles, dans les institutions et les entreprises. Puisons nos forces en elle !

*  Ces femmes qui ont réveillé la France (édition Points) de Valérie Bochenek et Jean-Louis Debré, ont inspiré un spectacle joué par les deux auteurs.